Mais au-delà de ces deux demi-finales dominées par les teutons, il faut surtout voir la manière. Ces deux équipes proposent un jeu léché, d'une grande qualité, rempli de solidarité et de volonté ! En face, les deux ogres espagnols, pourtant favoris lors du tirage au sort, n'ont jamais su se mettre au niveau, et ont reçu une leçon, notamment lors du match aller, où l'Allemagne a remporté la manche sur le score de 8 à 1 sur le cumul des deux matchs : Impressionnant !
Pique, auteur du deuxième but du Bayern contre son camp, symbole de la décadence catalane |
Barcelone, une déroute prévisible...
Lors de la double confrontation face au Paris Saint-Germain, le Barça avait déjà laissé entrevoir de grosses lacunes défensives, et surtout un manque de créativité dans le jeu, n'arrivant jamais à déstabiliser complètement leur adversaire. Les passes ne s'enchaînent plus aussi naturellement entre les catalans, les solutions manquent, et les actions offensives se font rares. Guardiola, futur entraîneur du Bayern Munich en Juin prochain, avait bâti la meilleure équipe du monde, et peut-être même de toute l'histoire du football. Cette équipe a raflé tous les trophées, proposant un football offensif d'une qualité incroyable, portée par un Messi au sommet de son art. Mais cette équipe a vieilli, à l'image d'un Xavi totalement dépassé. Et aucun véritable renfort, hormis Jordi Alba peut-être, n'a été apporté à cette équipe.
Alors les catalans ont réussi une excellente première partie de saison, s'assurant quasiment le titre national à la trêve hivernale, mais les catalans n'ont jamais réussi à élever leur niveau de jeu pour faire face aux cadors européens ; pire, ils ont reçu deux énormes gifles face à l'ogre bavarois, qui leur a infligé un 7 à 0 sur deux matchs. Ces deux démonstrations ne souffrent évidemment d'aucune contestation possible, tant la différence a été flagrante sur l'engagement, sur la discipline tactique, et sur la qualité technique. Battus dans tous les compartiments du jeu pendant plus de 180 minutes, les catalans n'ont jamais semblé être en mesure de se mettre au niveau.
Porté par d'excellentes individualités (Robben, Ribéry, Schweinsteiger, Müller, Javi Martinez, Alaba...), les allemands ont surtout réussi à dominer le match de la tête et des épaules, en proposant un football magnifique, jouant simplement en enchaînant les passes vers l'avant, sans jamais gamberger, du football total en somme...
Pris de vitesse et battus dans les duels, les catalans ont vite baissé les bras, et ont donc pris, fort logiquement, deux corrections qui les forcent à une remise en question profonde. La Catalogne peut s'attendre à une revue complète de l'effectif, et certainement des arrivées dans tous les secteurs de jeu, pour essayer de relever la tête après ces deux coups de massue.
Robert Lewandowski, auteur d'un quadruplé à l'aller, a permis au Borussia de sortir le Real de Mourinho |
Le Real, une demi-surprise...
Si Barcelone a été largement dominé et sort par la petite porte de la Ligue des Champions, le constat est plus mitigé pour les hommes de Mourinho. Les madrilènes paient essentiellement la piètre prestation du match aller, ponctuée par un quadruplé magnifique de Robert Lewandowski, la star polonaise de Dortmund.
Forts de ce large succès, les jaunes et noirs ont géré leur match, réussissant à contenir les attaques madrilènes, et comptant sur leur gardien Weidenfeller pour sortir les arrêts décisifs quand il le fallait. Ils ont fini par céder à 10 minutes de la fin du match sur un but de Benzema, puis un but de Ramos en toute fin de match, mais les joueurs de la maison blanche n'ont malheureusement pas réussi à inscrire ce troisième but qui leur aurait ouvert les portes de la qualification. Alors sur l'ensemble des deux matchs, la qualification se joue à un but, mais Dortmund a mérité sa place en finale, en ne fermant jamais le jeu face à l'ogre madrilène, jouant crânement sa chance avec des individualités exceptionnelles (Hummels, Gundogan, Gotze, Lewandowski) se mettant au service du collectif.
Lors du tirage au sort, bon nombre de spécialistes prétendaient que le Real avait bénéficié d'un tirage clément en étant opposés au Borussia ; on peut aujourd'hui se dire que le tirage le plus clément aurait certainement été le Barça.
Le Real et le Borussia vivaient cette saison une situation similaire ; largement distancés en championnat, les deux clubs avaient dû renoncer au titre national, abandonnant respectivement ce trophée aux rivaux catalan et bavarois. Ils pouvaient alors tout miser sur la ligue des champions, objectif clairement annoncé par José Mourinho notamment, qui voulait terminer son parcours avec le Real sur un triomphe en Ligue des Champions, comme il avait pu le faire avec l'Inter Milan par exemple.
Mais c'est finalement la jeunesse allemande qui a remporté ce duel, s'ouvrant ainsi la perspective de battre le Bayern pour la première fois de la saison, pour remporter une Ligue des Champions qui serait un exploit retentissant.
L'Allemagne ne connaît pas la crise...
Par ces deux demi-finales, l'Allemagne s'est offert la confirmation du renouveau du football allemand. Débutée lors des préparatifs pour la Coupe du Monde 2006, cette remise en question a d'abord touché les stades, qui comptent aujourd'hui parmi les plus beaux, et les mieux équipés. L'Allianz Arena, véritable bijou technologique, constitue ce qui se fait de mieux en matière de stade, et peut s'illuminer selon différentes couleurs les jours de match.
Mais au-delà des équipements, c'est surtout la philosophie de jeu que les allemands ont voulu mettre en avant. En s'appuyant sur un vivier exceptionnel de grands espoirs allemands, le Bayern et Dortmund notamment ont pu constituer des effectifs d'une grande qualité, agrémentés par quelques recrues venant renforcer l'équipe.
Les joueurs de Dortmund sont tous de très grands espoirs du football international, comme par exemple Mario Gotze, Ilkay Gündogan, Mats Hummels, Robert Lewandowski ou encore les frères Bender. Le Bayern est davantage un mélange entre grands espoirs et joueurs confirmés. Des espoirs comme David Alaba ou Javi Martinez sont portés par des joueurs confirmés comme Franck Ribéry, Bastian Schweinsteiger, Thomas Müller ou Philippe Lahm.
Même si ces deux stratégies d'effectif semblent différentes, ces deux équipes allemandes comptent cependant sur un facteur essentiel dans le football moderne : leur centre de formation. Dotés d'installations à la pointe de la technologie, Borussia et Bayern peuvent compter sur leurs jeunes pour constituer un vivier exceptionnel de jeunes talents. La mentalité allemande gravée dans leurs gènes, la rigueur tactique et la détermination feront assurément de ces jeunes de grands joueurs au caractère tranché, comme le sont aujourd'hui Thomas Müller ou Bastian Schweinsteiger.
Dortmund va vivre un tournant dans sa progression en cette fin de saison, puisque le club va certainement perdre des joueurs cadres lors du prochain mercato, on pense notamment à Mario Gotze, qui va rejoindre le Bayern en fin de saison, ou peut-être aussi Gundogan, Hummels et Lewandowski. Ces joueurs devront être remplacés, mais on peut assurément faire confiance aux dirigeants pour leur trouver des successeurs au potentiel exceptionnel.
Enfin, un des facteurs essentiels à la réussite de ces clubs allemands est certainement leur stabilité financière. Le Borussia a notamment réduit sa dette de moitié au cours des dernières années, pendant que le Bayern est le club le plus sain financièrement, et ces deux clubs contrastent ainsi avec les clubs espagnols ou anglais criblés de dettes.
Le Bayern parti pour une hégémonie ?
Avec la finale qui se profile dans un peu moins d'un mois, l'heure est déjà aux pronostics. Clairement, les bavarois font figure de favoris, tant leur démonstration a impressionné durant toute la saison.
Mais Dortmund ne se laissera certainement pas abattre par la puissance bavaroise, et s'appuiera certainement sur son bon parcours, et notamment ses deux matchs face au Real Madrid, pour tenter de déstabiliser le bloc du Bayern.
Forts de leur montée en puissance, les bavarois, eux, peuvent réussir à accrocher une Ligue des Champions, qui constituerait la cinquième remportée par le club. Leur double confrontation face au Barça a confirmé leur excellente saison, et le renouveau bavarois de ces dernières années, après deux finales perdues durant les trois dernières saisons.
Renforcés en Juin par l'arrivée de Mario Gotze, et surtout par le changement de coach avec l'arrivée de Pep Guardiola, ancien bâtisseur de la meilleure équipe de tous les temps au FC Barcelone, le Bayern Munich va certainement poursuivre sa mutation, et sera un concurrent difficile à battre pour les prochaines échéances de la Ligue des Champions.
De là à devenir la meilleure équipe de tous les temps, le temps le dira...
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